Hasard ou coïncidence... alors que nous avons quitté Marseille
il y a exactement 100 jours, nous foulons, ce jour
même, la terre anglaise du second exil de Napoléon et celle de ses derniers
instants, et nous ne pouvons pas ne pas penser à la fameuse période
des "Cent-jours***"...
C'est finalement avec 2 heures d'avance sur
l'horaire annoncé que nous arrivons en rade de l'île de "Sainte-Hélène"
où le Deliziosa va jeter l'ancre pour 8 heures environ. Même si
nous n'étions probablement jamais venus ici sans l'opportunité que
nous offre ce voyage, ce n'est pas sans curiosité ni impatience que
nous attendons ce contact avec la terre d'exil de l'Empereur... Au
premier "coup d'œil" nous n'apercevons qu'un "gros
caillou", une île volcanique au milieu de l'océan. Après un
débarquement (toujours un peu fastidieux) grâce à une
rotation de chaloupes, nous mettons enfin le pied sur la fameuse "Sainte-Hélène",
dans la ville de "Jamestown", vers 11 heures. L'armateur
COSTA proposait quelques excursions sur son catalogue, mais toutes
ont été réservées avant même le début de notre Tour du Monde... Il
nous reste donc à trouver un moyen de transport pour pénétrer à
l'intérieur des terres... en prenant en compte que 5.000
habitants résident dans l'île et à peine 1.000 à "Jamestown"...
Après avoir marché aux 4 coins de la petite
enclave de "Jamestown", nous finissons par trouver, alors
que nous commencions à ne plus trop y croire, un véhicule "taxi
d'un jour" qui accepte de nous emmener découvrir "Sainte-Hélène"...
Nous empruntons l'unique route (étroite)
qui part du centre-ville et prenons très rapidement de
l'altitude... et le paysage devient tout aussi rapidement
impressionnant. Après un premier arrêt photo qui nous permet
d'apercevoir notre paquebot quelques centaines de mètres plus bas,
nous nous dirigeons vers la première tombe de Napoléon. Conformément à ses dernières volontés, dans le cas où son corps ne
devait pas être ramené en Europe, l'empereur déchu fut inhumé le 9
mai, dans un lieu qu'il avait lui-même choisit, près
d'une source dans la "Vallée du Géranium", dénommée depuis "Vallée
du Tombeau". Le 27 mai, toute la colonie française quitta l'île.
Dix-neuf ans après la mort de Napoléon, le roi Louis-Philippe put
obtenir du Royaume-Uni la restitution des cendres de l'ex-empereur.
L'exhumation du corps eut lieu le 15 octobre 1840, puis fut rapatrié en France et inhumé aux Invalides à Paris...
Il nous faut quitter la petite route bitumée et marcher plusieurs
centaines de mètres sur un sentier, bordé d'une végétation fournie,
avant d'accéder dans la petite clairière devenue "propriété de
la France en terre anglaise où flotte un drapeau tricolore" et
d'apercevoir le tombeau, aujourd'hui sans corps, mais toujours
gardé et entretenu...
Après ce premier "rapprochement" avec
notre "histoire de France", nous nous dirigeons vers "Longwood"
là même où l'empereur a passé 6 années en résidence surveillée. En
foulant les pelouses du parc et en faisant grincer sous nos pieds
le parquet de la maison, devenue aujourd'hui un musée, nous sommes
un peu troublés à l'idée que Napoléon a lui aussi fait les 100 pas
à l'endroit même où nous marchons... Le trouble va encore
s'accentuer lorsque nous sommes devant le (petit) lit où il
a dormi pendant 6 ans et où il a rendu son dernier souffle, ou bien
encore devant sa baignoire, sa table de salle à manger, son
bureau... nous ne pourrons vous faire partager ce que nous avons vu
à l'intérieur de "Longwood", les photos étant interdites...
En 1822, l'habitation de "Longwood" fut cédée à un fermier
qui lui redonna l'usage de ferme qu'elle avait avant l'arrivée de
Napoléon.
À partir de 1854, l'empereur Napoléon III négocia avec le
gouvernement britannique l'achat de "Longwood House" et de la
"Vallée
du Tombeau", qui devinrent propriétés françaises en 1858, sous le
nom de "Domaines français de Sainte-Hélène".
Après un nouvel arrêt photo pour admirer et
immortaliser l'extraordinaire panorama du parc national de "Diana's
Peak", nous faisons un passage par "White Gate" où est
érigée la majestueuse maison du "Gouverneur de Sainte-Hélène"
et de "sa Gracieuse Majesté, la reine Elisabeth"... La
demeure compte parmi les plus grandes et les plus belles de l'île
et dispose d'un terrain de tennis et d'un très grand jardin
potager "Plantation House"... Sur les pelouses il est possible d'apercevoir "Jonathan"
une tortue géante âgée, pour certains experts, de 150 voire 170
ans...
Nous terminons notre belle balade en traversant
encore et encore cette impressionnante verdure de l'intérieur de
l'île, contraste saisissant avec l'aspect rocheux des parois du
volcan sans plages que l'on découvre à l'approche de ce bout de
terre perdue... L'empereur ne risquait pas de s'en échapper...
aujourd'hui encore il n'existe pas de réseau de téléphonie portable
ici... mais tout va changer en 2016, puisque le "GSM" est
annoncé dans l'année et un aéroport va ouvrir ses pistes l'an
prochain... les habitants semblent attendre beaucoup de ces projets
qui risquent de bien changer la vie à "Sainte-Hélène", pour
le meilleur et pour... peut-être...
Avant de regagner le paquebot, nous faisons un
dernier, et exceptionnel, arrêt à "Ladder Hill Fort" tout à
côté du sommet de "l'échelle de Jacob", cet indescriptible
escalier, exclusivement réservé aux courageux... comptant pas moins
de 699 marches de 25 à 30 centimètres sur une pente à 45°... mais quelle
vue incroyable...
Nous sommes ravis d'avoir pu voir "Sainte-Hélène",
et emportons avec nous beaucoup de souvenirs autant naturalistes
qu'historiques...