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Il est né un 24  Février !


Steve Jobs
(1955-2011)

Cofondateur américain de la société Apple

 

   
Bonne Fête Modeste !

 

 


Nouvelle petite attention du Commandant Serra ce matin : un petit arrêt surprise de 3 heures au large de l'île de Pitcairn***. Ce nom n'évoque peut-être pas grand chose pour certains, mais si nous précisons que le Deliziosa a jeté l'ancre vers 8 heures dans la "baie du Bounty", nous sommes persuadés que nous mettrons tout le monde sur la voie de la (bonne) réponse...

C'est en effet sur cette île que se sont réfugiés les révoltés du célèbre navire britannique "le Bounty". De nombreux ouvrages et films ont rendu célèbre cette mutinerie et qui n'a pas à l'esprit le fameux long métrage dans lequel le beau Marlon Brando a fait vibrer le cœur de tant de femmes !

Mais de nombreux récits de l'événement relèvent probablement de la pure fiction ou ont été largement romancés... Nous avons essayé de faire une synthèse de tout ce que nous avons entendu et lu, et nous vous livrons ci-dessous le fruit de nos recherches qui possède sans doute lui aussi, au-delà de certains faits historiquement avérés, sa part d'incertitudes...

Une expédition financée par la "Royal Navy" devait naviguer jusqu'à Tahiti pour récolter des plants d'arbre à pain puis les emmener aux Antilles où on essaierait de les cultiver pour nourrir les esclaves à moindre frais. Pendant la traversée Bligh, le commandant du navire, remplace le second maître John Fryer par Christian Fletcher, ce qui dégrade fortement les relations à bord du navire. Parvenus à destination, Bligh et son équipage passent 5 mois à Tahiti, récoltant et embarquant 1.015 plants d'arbre à pain. Pendant ces 5 mois nécessaires à la préparation du voyage retour, Bligh donne permission à ses hommes de vivre à terre, où ils nouent des liens avec les indigènes : de nombreux marins se font tatouer à la manière tribale, quelques-uns se marient ou ont des liaisons avec des femmes tahitiennes.

En dépit de cette atmosphère idyllique, les tensions montent entre Bligh et les hommes, particulièrement entre Bligh et Fletcher qui est régulièrement humilié devant les Tahitiens ou l'équipage. Le 28 avril 1789, 16 matelots menés par Christian Fletcher, promu commandant en second "du Bounty", s'emparent des armes du bord et font irruption dans la cabine du commandant en le retenant prisonnier. Le commandant Bligh, enchaîné et menacé par la baïonnette de Fletcher ne reçoit alors que peu de soutien du reste de l'équipage qui n'avait pas été averti de ce coup de force. Bligh, accompagné de 18 autres marins lui étant restés toutefois fidèles (dont le chirurgien du bord) sont "jetés" dans une chaloupe d'à peine 7 mètres de long. Un chargement de nourriture pour quelques semaines, un sextant et une montre seront les seules concessions accordées à Bligh par les mutins. Après 47 jours de voyage sur une mer souvent agitée, poursuivis par des cannibales, Bligh et ses congénères parviennent à atteindre, pour une brève escale, l'îlot de Tofua avant de parcourir 6.000 nouveaux kilomètres et rallier l'île de Timor en Indonésie, puis l'Angleterre pour porter plainte contre Fletcher.

Pendant ce temps Fletcher quitte Tahiti après avoir rempli "le Bounty" de provisions et de femmes... Conscient qu'il va être recherché par la Royale Navy, Fletcher cherche refuge dans quelques contrées inconnues et inhabitées. C'est ainsi qu'il trouve sur sa route l'île de Pitcairn. Les lieux semblent sûrs et dotés d'eau douce et de ressources alimentaires. C'est ainsi que Fletcher et son équipage décident de s'installer sur Pitcairn et y commencer une nouvelle vie. Le Bounty fut incendié face à l'île et les nouveaux habitants de Pitcairn semblaient destinés à une vie désormais paisible et heureuse...

Mais le quotidien des mutins fut rapidement bien différent, de nombreuses querelles engendrèrent de nombreux meurtres et les survivants, souvent alcoolisés, devinrent de plus en plus violents, même vis à vis des femmes qui se révoltèrent à leur tour ! Dès les premières années l'île s'était peuplée de dizaines d'enfants, mais à force de conflits entre les mutins, John Adams fut le seul homme survivant entouré désormais par seulement 8 femmes... Sur les 16 matelots du début de la révolte, 2 seulement décédèrent de mort naturelle...

Pitcairn fut redécouverte par la suite en 1808 par un navire américain de passage, et l'histoire des révoltés du Bounty se répandit dans le monde entier. En 1856, 194 personnes habitaient sur Pitcairn tous descendants des insurgés. Le gouvernement britannique décida alors de les déplacer sur l'île de Norfolk, une ancienne colonie pénale, mieux adaptée à une vie décente.

Aujourd'hui seuls 50 habitants environ, descendants des mutins et qui ont refusé de partir (et quelques aventuriers nostalgiques du Bounty peut-être...) occupent les lieux...

NB : nouveau recul horaire et nouvelle journée de 25 heures... Aujourd'hui à l'heure du déjeuner, lorsqu'il était midi sur le paquebot, les montres françaises indiquaient déjà 21 heures...


***L'île du paradis perdu
September 4, 2009 - 15:01 By Kathy Marks

Célèbre pour avoir abrité les révoltés du Bounty, l’île Pitcairn, au cœur du Pacifique Sud, dissimulait des crimes inavouables, perpétrés depuis des générations.
C’est au sommet de l’île Pitcairn, à quelque 337 mètres d’altitude, que l’on commence à mesurer son isolement vertigineux. Tout autour de ce plateau rocheux, l’océan s’étend à perte de vue. Sans nul doute, on est ici non seulement sur l’île du bout du monde, mais encore dans son recoin le plus perdu. Pour les révoltés du Bounty et leur chef Christian Fletcher, qui s’y réfugièrent en 1790, l’extrême isolement de Pitcairn représentait son principal atout. Mais c’est aussi grâce à lui que leurs descendants ont pu vivre dans le secret et dissimuler leurs crimes au fil des générations.


Pendant les années 1960 et 1970, sur le point culminant de l’île, Steve Christian a, en effet, commis plusieurs viols en toute impunité, dont celui de Charlotte*, âgée de 12 ans. En cet endroit désolé, nul n’aurait pu entendre ses cris. A 20 ans, Steve était déjà considéré comme un leader. Sa haute taille, sa mine sombre et sa puissante musculature en avaient toujours imposé : énergique, intelligent et disert, il dégageait un certain charme. Il se targuait aussi de descendre de Christian Fletcher, ce qui conférait à sa famille un statut quasi aristocratique. Quant aux filles de Pitcairn, comme Charlotte, elles n’avaient aucun moyen d’évasion. Caillou oublié en plein Pacifique Sud, à mi-chemin entre le Chili et la Nouvelle-Zélande, l’île ne comportait ni piste d’atterrissage, ni port facile d’accès. Impossible d’en partir ou d’y débarquer sans recourir aux baleinières (canots légers). Si bien que les victimes se taisaient. Jusqu’à ce jour de 1999 où Belinda, une adolescente de 15 ans, confia à une fonctionnaire de police venue de Grande-Bretagne qu’elle avait été violée par deux des fils de Steve Christian. Dès lors, le mur de silence et de complicité qui protégeait depuis des décennies les hommes de l’île ne tarda pas à se fissurer.
Jeune fille gauche et perturbée, Belinda avait passé toute son existence au sein de la minuscule communauté de Pitcairn, qui ne comptait même pas soixante personnes. L’île constituait le seul univers qu’elle n’ait jamais connu. Cette île où l’on vivait en autarcie et où chacun avait des liens de parenté avec pratiquement tout le monde. Ses accusations incitèrent la police britannique à interroger plusieurs dizaines d’habitantes. Toutes générations confondues, elles racontèrent la même histoire : les viols d’enfants semblaient endémiques. Pratiquement aucune fille n’y avait échappé, et presque tous les hommes pouvaient en être accusés. Ces révélations furent accueillies avec incrédulité par le monde extérieur, qui idéalisait Pitcairn depuis près de deux siècles comme l’image d’un paradis des mers du Sud.


Le mythe avait pris racine dès le retour en Angleterre de William Bligh, capitaine du Bounty, en 1790. Abandonné dans la chaloupe du navire avec dix-huit marins qui lui étaient restés fidèles, il avait réussi l’exploit de parcourir près de 6 700 kilomètres pour ramener ses compagnons à bon port. Pendant ce temps, les mutins avaient mis le cap sur Tahiti et ses voluptueuses vahinés. Quant à la presse anglaise, elle fit ses choux gras de cette histoire d’amour et d’aventure ; lord Byron y puisa même l’inspiration d’un poème épique. Et, très vite, le rôle du méchant fut attribué non plus à Christian Fletcher, chef de la mutinerie, mais au capitaine Bligh, dont la dureté était censée avoir provoqué cette révolte. Pourtant, le déroulement des faits ne laisse place à aucun doute. Le Bounty avait appareillé d’Angleterre en 1787, avec mission de récolter des pousses d’arbre à pain à Tahiti et de les transporter aux Antilles, où leurs fruits permettraient de nourrir les esclaves à bon compte. Au terme de quelque dix mois de mer, l’équipage en avait passé six autres à Tahiti, dont la beauté et la douceur de vivre avaient fait les délices de chacun. Trois semaines après le rappareillage, à l’approche des îles des Amis (actuelles Tonga), cinq hommes avaient fait irruption à l’aube dans la cabine de Bligh…


Une partie des mutins du Bounty décida de rester à Tahiti. Mais Christian Fletcher et huit autres marins remirent à la voile afin de se trouver une cachette plus sûre. Ce fut ainsi qu’ils débarquèrent à Pitcairn. L’île ne mesurait guère plus de 4,5 km2, mais c’était une véritable forteresse. Ceinturé de falaises abruptes pilonnées par le ressac, l’endroit semblait idéal. Non seulement il était désert, mais encore sa position sur les cartes était fausse. Autant dire qu’il n’y figurait pas.


Dix-neuf Polynésiens — douze femmes, six hommes et un bébé — avaient été embarqués. Une fois à Pitcairn, les marins traitèrent les hommes en esclaves et les femmes en marchandises. La colère et le ressentiment des captifs dégénérèrent vite en violence. Dix ans plus tard, John Adams demeurait le seul survivant des mutins. A eux tous, ils avaient engendré vingt-quatre enfants.
Le premier navire à atteindre l’île — un baleinier américain — n’y parvint qu’en 1808. Son équipage y découvrit une communauté relativement prospère, composée de John Adams, de femmes et d’enfants. Ils vivaient en autarcie, cultivant de quoi se nourrir et habitant dans les cases qu’ils avaient construites.
La renommée de l’île se développa quand Hollywood consacra cinq films à la mutinerie du Bounty. A la fin du xxe siècle, le mythe était devenu intangible.
Territoire britannique depuis 1767, Pitcairn n’avait jamais beaucoup intéressé Londres. Son gouverneur ne s’y rendait qu’occasionnellement et l’île se débrouillait toute seule, nommant sa police et ses magistrats.
Malgré l’existence d’indices qui indiquaient des affaires de viol, d’inceste et même de meurtre, il fallut attendre 1997 pour que la Grande-Bretagne expédie un agent à Pitcairn. En l’occurrence une femme policier, Gail Cox, chargée d’y diriger une formation. A sa première visite, elle fut conquise par l’endroit. Les insulaires étaient chaleureux et les exploits maritimes des hommes, impressionnants.


Son deuxième voyage, en 1999, s’avéra bien différent. Elle se retrouva face à une population que divisaient d’âpres querelles et sentit un malaise sourd dans la petite communauté. Quelques semaines plus tard, Belinda et une autre adolescente lui confièrent avoir été agressées par Randy, l’un des fils de Steve Christian. Belinda lui avoua qu’elle n’avait que 10 ans quand Randy et son frère cadet Shawn l’avaient attaquée dans une bananeraie. Ils l’avaient plaquée au sol et violée à tour de rôle.


Gail Cox, dont l’expérience se limitait à de simples infractions au Code de la route, fut bouleversée par ces révélations. On confia l’affaire à des inspecteurs. L’enquête les mena jusqu’à Auckland (Nouvelle-Zélande), où ils rencontrèrent Catherine, originaire de Pitcairn. « Je ne peux pas vous aider dans ce cas, leur dit-elle. J’ai moi-même été violée à 10 ans par le père de Belinda. » Ce genre de choses était « banal à Pitcairn », ajouta-t-elle ; d’après elle, on n’y trouvait « pas de fille qui soit encore vierge à l’âge de 12 ans ».


Sa déposition incita la police à retrouver la trace de toutes les femmes ayant grandi à Pitcairn depuis 1980. La plupart vivaient à l’étranger, généralement en Australie et en Nouvelle-Zélande. Elles signalèrent aux enquêteurs d’autres victimes, parmi lesquelles des parentes plus âgées. Au total, la police remonta plus de quarante ans en arrière et entendit trente et une victimes. Qui identifièrent trente hommes. Pratiquement tous ceux des trois dernières générations étaient impliqués.
A Pitcairn, les résultats des investigations déclenchèrent un tollé non pas contre les responsables, mais contre les victimes, accusées d’avoir été provocantes. Les insulaires — y compris des femmes — soutinrent que les jeunes filles avaient été consentantes, et que l’affaire avait été montée en épingle par Londres pour faire évacuer l’île. Les victimes furent traitées en pestiférées. Pour sa sécurité, Belinda dut être évacuée de Pitcairn ; elle n’y revint jamais.


Malgré la violence de ces réactions, neuf femmes restèrent déterminées à aller jusqu’au bout. Mais comment organiser un procès dans un endroit aussi isolé ? Et quelles en seraient les conséquences sur cette communauté minuscule ? Les familles y étaient si étroitement enchevêtrées que toutes comptaient un accusé ou une victime.


Londres nomma des avocats, un président de tribunal et trois juges. Il fallut néanmoins attendre 2003 pour que le procureur général Simon Moore délivre quatre-vingt-seize chefs d’accusation contre treize accusés, dont sept vivaient sur l’île. Ils passèrent en jugement en 2004 à Pitcairn.


Il y avait alors près de cinq ans que l’enquête avait commencé, et la tension était extrême sur l’île, divisée en deux camps : une minorité déplorait le comportement des accusés et une majorité niait les faits ou les excusait. Les prévenus avaient été laissés en liberté, sous la surveillance de la police et des services sociaux.
En septembre 2004, Pitcairn vit débarquer vingt-neuf personnes — membres du tribunal, diplomates, policiers et journalistes — pour ce qui s’annonçait comme l’affaire la plus étrange de l’histoire criminelle britannique. Aucun n’était le bienvenu.


Ils furent entassés dans quelques maisons inoccupées et même dans la nouvelle prison, bâtie par les accusés. Dès qu’ils mettaient le pied dehors, ils se heurtaient aux hommes ou à leur famille, dans une ambiance glaciale. Leurs faits et gestes passaient rarement inaperçus. A Pitcairn, tout le monde connaît les affaires des autres.
Steve Christian, élu entre-temps maire de l’île et âgé de 53 ans, fut le premier à passer en jugement dans le bâtiment délabré du centre municipal. En short, tongs et tee-shirt aux couleurs du Bounty, il se vautra sur sa chaise. La mine renfrognée, il semblait ne pas s’intéresser le moins du monde au procès. Sa sœur Brenda, la fonctionnaire de police de l’île, montait la garde à la porte.


Insolites dans leur longue robe noire, juges et avocats étaient arrivés à pied, dans la poussière rougeâtre des pistes de l’île. Un magistrat présiderait chaque affaire, sans le concours d’aucun jury, et les victimes témoigneraient par liaison vidéo depuis la Nouvelle-Zélande.


Ce fut ainsi que Charlotte raconta ce qui s’était passé. Auparavant, une autre victime, Jennifer, était revenue sur l’épisode atroce qui avait détruit son enfance. Lors d’un pique-nique entre jeunes, Steve Christian et deux autres garçons l’avaient attendue à l’ombre des banians. Elle avait 12 ans, et Steve à peu près deux de plus. Ses copains l’avaient maintenue plaquée au sol pendant qu’il la violait. Trois autres viols avaient encore eu lieu par la suite.


Pourquoi n’avait-elle pas tout raconté à ses parents ?
« C’est comme ça, à Pitcairn, répondit-elle. On se fait agresser, on se fait violer… A l’extérieur de l’île, tout le monde se figure que Pitcairn est un paradis. Mais c’était un véritable enfer pendant mon adolescence. »


L’accusé suivant était Dave Brown, beau-frère de Steve. Il précédait son père Len qui, à 78 ans, était le plus âgé des inculpés. Dave était poursuivi pour avoir violé Jennifer à deux reprises dans un champ de pastèques.


Les bancs réservés au public étaient vides. L’absence des insulaires témoignait non seulement de leur mépris pour le procès, mais aussi d’un calcul bien illusoire : s’ils faisaient comme si le jugement n’avait pas lieu, peut-être que l’affaire finirait par être classée…


Dave Brown passa des aveux partiels et Dennis Christian plaida coupable ; les autres nièrent les faits qui leur étaient reprochés. Hors du tribunal, ils continuaient à mener une vie normale, travaillant la terre, pêchant ou sculptant des objets en bois.


De tous les accusés, seul Jay Warren fut acquitté. Steve Christian, Len Brown, Terry Young et Randy Christian furent condamnés à des peines de prison, et Dave Brown et Dennis Christian à des travaux d’intérêt général.


Le verdict fut un choc pour la population. Les avocats de la défense firent appel, si bien que les accusés ne furent incarcérés qu’en 2006. Ils furent rejoints en prison par Shawn Christian, le fils de Steve, et Brian Young, le frère de Terry, tous deux condamnés en Nouvelle-Zélande.


La saga juridique était terminée, mais les troublantes interrogations qu’elle avait suscitées restaient entières. A commencer par celle-ci : comment cette microsociété perdue dans un océan immense avait-elle pu connaître pareille dérive ?


Pitcairn était minuscule, terriblement éloignée, et on y vivait en vase clos. En outre, comme elle n’était soumise à aucune autorité extérieure, la population y définissait ses propres règles.


Cette communauté présentait aussi certaines particularités, notamment une longue tradition de coercition sexuelle et de soumission à la force virile. Mythifiés depuis des générations par le monde extérieur, les hommes de Pitcairn se croyaient probablement invulnérables.


Quoi qu’il en soit, les victimes sont soulagées de pouvoir enfin tourner la page sur les cauchemars de leur enfance et de constater que, apparemment, il n’y a plus d’agression sexuelle à Pitcairn.


Belinda assure que c’est la raison pour laquelle elle a tenu bon : « Je ne voulais pas que cela se renouvelle », dit-elle.


La jeune femme a payé cher le fait de rompre le silence. Rejetée par sa famille comme par la population de Pitcairn, jamais elle ne pourra revenir. Elle estime pourtant que cela en valait la peine, qu’elle a obtenu réparation, « dans une certaine mesure », et qu’elle peut enfin aller de l’avant. Mère de trois enfants, elle vit maintenant en Nouvelle-Zélande, où elle jouit de l’amour et du soutien de son compagnon. Si Belinda ressent encore un peu d’amertume, ce n’est pas parce que Randy et Shawn Christian n’ont été condamnés qu’à des peines légères (respectivement six et trois ans et demi de prison), mais parce qu’ils nient toujours l’avoir violée et n’ont jamais exprimé le moindre remords.


Sur les six condamnés incarcérés, seul Brian Young est encore actuellement sous les verrous. Les autres ont été libérés sur parole. Leur casier judiciaire leur interdit de vivre à l’étranger ou d’y voyager.


« Ils sont cloués à Pitcairn », déclare Isobel, violée à de nombreuses reprises par Brian Young dès l’âge de 9 ans.
Tout comme Belinda, Isobel se dit néanmoins heureuse d’être allée jusqu’au bout de ce long et douloureux processus judiciaire.


« J’ai été entendue et j’ai été crue, affirme-t-elle. Les agressions, on les a toujours à l’esprit. Mais on apprend à dire que c’est du passé. »
Londres a récemment annoncé que ces femmes percevraient des dommages et intérêts. Elles se félicitent de voir ainsi officiellement reconnues les souffrances qu’elles ont endurées sur un territoire négligé par les autorités britanniques.


La Grande-Bretagne a modernisé l’infrastructure et les communications de l’île. Quant au changement des mentalités à Pitcairn, c’est une autre affaire. En public, les habitants nient toujours les faits. En privé, certains commencent à reconnaître que leur île n’a jamais été un paradis. Comme Jennifer l’a déclaré lors du procès de Steve Christian, c’était au contraire « un véritable enfer ».
* Les prénoms des victimes ont été modifiés.


EXTRAIT DE LOST PARADISE, DE KATHY MARKS, PUBLIÉ PAR FREE PRESS, 2009.


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