En quittant Ushuaia hier en fin d'après-midi, le soleil était bien
présent et nous avons entamé, lentement, notre traversée du canal de
Beagle pour rejoindre un moment l'Océan Pacifique, avant de
retourner vers les rivages du Chili et serpenter au travers de ses
fjords.
Jusqu'à la tombée de la nuit nous avons vu d'impressionnants
glaciers qui, descendant de la montagne, viennent "mourir"
dans le canal. Le reflet des derniers rayons du soleil donnaient,
aux nuages et à l'eau du canal une couleur presque surnaturelle...
La nuit a été calme, juste un peu de mouvement du navire lorsque
vers 2 ou 3 heures du matin nous avons dû quitter le Pacifique et
virer de bord pour entrer dans le dédale des rochers et autres
terres émergées avant de pénétrer dans le premier fjord.
Ce matin le temps est plutôt couvert, mais "le plafond" n'est pas trop
bas, ce qui nous laisse une confortable visibilité sur chaque rive.
La température extérieure est proche des 10°, nous avons donc
préparé nos doudounes pour nos sorties "photos" sur le balcon
aujourd'hui encore.
Aux environs de 14 heures nous traversons le fjord Agostini qui
sépare en deux la cordillère de Darwin. Puis vers 17 heures 30 nous
pénétrons dans le canal Gabriel au bout duquel, à 20 heures, nous
atteignons le fjord Almirantzgo découvert en 1827 par le capitaine
britannique Phillip Parker King.
C'est dans cette zone que résidaient les Indiens Jaganes (patagoniens).
Leur vie en société était familiale, matriarcale
et communautaire. Ils étaient très avancés en termes de discipline
et de respect des valeurs. Ils vivaient presque nus, enduits de
graisse de lion de mer. Lorsqu'ils furent évangélisés, ils durent
porter des vêtements européens et se conformer progressivement aux
règles édictées par le colonisateur. L'abus d'alcool, introduit par
les européens, ajouté à tous ces changements radicaux de vie a
décimé rapidement 90% de ces tribus, ravagées de surcroît
par des épidémies de pneumonie et de tuberculose. En effet, ces
indiens habitués à se baigner avec leurs corps enduits de graisse de
lion de mer, ne changeaient en rien leurs habitudes lorsqu'ils
nageaient par la suite dans les eaux du canal à 3° et restaient, en
sortant, vêtus de leurs tenues européennes entièrement gorgées
d'eau...
De nos jours
quelques descendants de ces Jaganes tentent de réintroduire la
langue de leurs ancêtres...
Demain matin nous débarquons (en chaloupe) pour deux jours à
Punta Arenas.